La fiscalité applicable aux SCPI santé constitue un élément déterminant dans la stratégie d’investissement des particuliers souhaitant diversifier leur patrimoine. Ces sociétés civiles de placement immobilier spécialisées dans le secteur médical offrent une alternative intéressante aux placements traditionnels, mais présentent des spécificités fiscales qu’il convient de maîtriser. Entre revenus fonciers, prélèvements sociaux et options de défiscalisation, le régime fiscal des SCPI santé comporte de nombreuses nuances susceptibles d’influencer significativement le rendement net de votre investissement. Ce guide détaillé vous accompagne dans la compréhension des mécanismes fiscaux propres à cette classe d’actifs en pleine expansion, afin de vous permettre d’optimiser votre stratégie patrimoniale.
Les fondamentaux des SCPI santé et leur régime fiscal général
Les SCPI santé représentent une catégorie spécifique de sociétés civiles de placement immobilier qui investissent exclusivement dans des biens immobiliers liés au secteur médical et paramédical. Ces actifs comprennent notamment des cliniques, maisons de retraite, EHPAD, cabinets médicaux, laboratoires ou encore des centres de soins.
Le fonctionnement fiscal des SCPI santé s’inscrit dans le cadre général de la fiscalité immobilière, avec toutefois des particularités liées à la nature de ces investissements. En tant qu’associé d’une SCPI, vous ne détenez pas directement les biens immobiliers mais des parts sociales de la société qui possède et gère ces actifs.
Sur le plan fiscal, les SCPI santé sont considérées comme des sociétés fiscalement transparentes. Cela signifie que les revenus générés par la SCPI sont imposés directement entre les mains des associés, proportionnellement à leur participation dans le capital social, et non au niveau de la société elle-même.
Régime fiscal applicable aux revenus des SCPI santé
Les revenus distribués par les SCPI santé proviennent principalement des loyers perçus auprès des locataires des biens immobiliers détenus. Ces revenus sont qualifiés de revenus fonciers et sont soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu ainsi qu’aux prélèvements sociaux au taux global de 17,2%.
Deux régimes d’imposition peuvent s’appliquer aux revenus fonciers issus des SCPI santé :
- Le régime micro-foncier : applicable si vos revenus fonciers annuels bruts n’excèdent pas 15 000 euros. Dans ce cas, vous bénéficiez d’un abattement forfaitaire de 30% sur vos revenus, censé couvrir l’ensemble de vos charges.
- Le régime réel : obligatoire si vos revenus fonciers dépassent 15 000 euros par an ou sur option. Ce régime permet de déduire l’intégralité des charges réellement supportées (frais de gestion, travaux, intérêts d’emprunt, etc.).
Il convient de noter que les SCPI santé présentent souvent des taux d’occupation très élevés, généralement supérieurs à 95%, en raison de la nature des locataires (établissements médicaux) qui signent des baux de longue durée. Cette stabilité locative se traduit par une régularité des revenus distribués, élément appréciable dans l’analyse de la performance fiscale de ce type d’investissement.
Pour les investisseurs détenant leurs parts de SCPI santé dans le cadre d’une société à l’impôt sur les sociétés, les revenus perçus sont intégrés au résultat imposable de la société au taux de droit commun.
La fiscalité des SCPI santé s’avère particulièrement avantageuse pour les contribuables fortement imposés qui peuvent optimiser leur imposition grâce aux différents mécanismes de déduction des charges, notamment dans le cadre du régime réel d’imposition. Cette optimisation peut s’avérer décisive dans le calcul du rendement net après impôt de l’investissement.
Fiscalité à l’acquisition des parts de SCPI santé
L’acquisition de parts de SCPI santé engendre des implications fiscales qu’il convient d’intégrer dans votre stratégie d’investissement. Ces éléments fiscaux interviennent dès l’entrée dans l’investissement et peuvent significativement impacter le coût global de votre placement.
Droits d’enregistrement et frais de souscription
Lors de l’achat de parts de SCPI santé, l’investisseur doit s’acquitter de droits d’enregistrement qui s’élèvent généralement à 5% de la valeur des parts acquises sur le marché secondaire. Ces droits ne s’appliquent pas aux souscriptions de parts nouvelles (marché primaire), mais sont remplacés par des frais de souscription inclus dans le prix de la part.
Les frais de souscription représentent habituellement entre 8% et 12% du prix de la part et couvrent notamment les commissions de la société de gestion, les frais de recherche et d’acquisition des actifs immobiliers, ainsi que les frais de commercialisation. Bien que ces frais ne constituent pas à proprement parler une charge fiscale, ils influent directement sur le seuil de rentabilité de votre investissement.
Financement par emprunt et déductibilité des intérêts
Un aspect particulièrement attractif de la fiscalité des SCPI santé réside dans la possibilité de déduire les intérêts d’emprunt des revenus fonciers lorsque l’acquisition est financée par un crédit. Cette déduction s’applique uniquement dans le cadre du régime réel d’imposition.
Pour les investisseurs soumis à des tranches marginales d’imposition élevées, le recours à l’emprunt peut constituer un levier d’optimisation fiscale significatif. En effet, la déduction des intérêts peut générer un déficit foncier imputable sur le revenu global dans la limite annuelle de 10 700 euros.
Prenons l’exemple d’un investisseur qui acquiert pour 100 000 euros de parts de SCPI santé avec un financement intégral par emprunt au taux de 3% sur 15 ans. La première année, les intérêts d’emprunt s’élèveront à environ 2 900 euros. Si les revenus distribués par la SCPI atteignent 4 500 euros, le revenu foncier net imposable sera de 1 600 euros (4 500 – 2 900). En revanche, si les intérêts dépassent les revenus perçus, un déficit foncier sera constaté et pourra être imputé sur le revenu global dans les limites légales.
TVA et acquisition de parts de SCPI santé
La question de la TVA se pose principalement pour les SCPI santé qui investissent dans des immeubles neufs ou en état futur d’achèvement. Dans ce cas, la TVA est généralement récupérable par la SCPI elle-même, et non par les associés individuellement.
Pour les investisseurs professionnels assujettis à la TVA qui acquièrent des parts de SCPI dans le cadre de leur activité, la situation peut varier selon la nature des biens détenus par la SCPI et les conditions d’exploitation. Une analyse au cas par cas s’avère nécessaire pour déterminer les possibilités de récupération de TVA.
Il est à noter que certaines SCPI santé investissent dans des établissements médicaux dont l’exploitation peut être exonérée de TVA (comme certains établissements de soins), ce qui peut avoir des répercussions sur le traitement fiscal de l’investissement.
La fiscalité à l’acquisition des parts de SCPI santé constitue donc un élément stratégique à prendre en compte dans votre décision d’investissement. Une planification rigoureuse, éventuellement accompagnée par un conseil en gestion de patrimoine, vous permettra d’optimiser le montage de votre opération et d’en maximiser les avantages fiscaux.
Imposition des revenus courants et stratégies d’optimisation
Les SCPI santé génèrent des revenus réguliers issus principalement des loyers perçus auprès des établissements de santé locataires. Ces revenus font l’objet d’une imposition spécifique qui peut être modulée grâce à diverses stratégies d’optimisation fiscale.
Mécanisme d’imposition des revenus fonciers
Les revenus distribués par les SCPI santé sont qualifiés de revenus fonciers et soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu, auquel s’ajoutent les prélèvements sociaux de 17,2%. La société de gestion de la SCPI adresse chaque année aux associés un document fiscal récapitulant les revenus à déclarer.
Dans le cadre du régime réel d’imposition, les charges déductibles comprennent :
- Les frais de gestion prélevés par la société de gestion (généralement entre 8% et 12% des loyers)
- Les primes d’assurance souscrites par la SCPI
- Les dépenses de réparation et d’entretien des immeubles
- Les taxes foncières et autres impôts locaux
- Les intérêts d’emprunt et frais accessoires liés à l’acquisition des parts
Il est intéressant de noter que les SCPI santé bénéficient généralement de baux de longue durée (9 à 12 ans) avec des locataires de premier plan (groupes de santé, exploitants d’EHPAD, etc.), ce qui sécurise les revenus locatifs et limite les risques de vacance. Ces caractéristiques contribuent à la stabilité des revenus imposables.
Création volontaire d’un déficit foncier
Une stratégie d’optimisation fiscale consiste à générer volontairement un déficit foncier en recourant à un financement bancaire pour l’acquisition des parts de SCPI santé. Les intérêts d’emprunt viennent alors en déduction des revenus fonciers et peuvent créer un déficit imputable sur le revenu global dans la limite annuelle de 10 700 euros.
Cette stratégie est particulièrement efficace pour les contribuables fortement imposés. Par exemple, pour un investisseur soumis à la tranche marginale d’imposition de 41%, chaque euro de déficit foncier imputé sur le revenu global génère une économie d’impôt de 0,41 euro (hors prélèvements sociaux).
Il convient toutefois de noter que l’imputation d’un déficit foncier sur le revenu global impose de conserver les parts de SCPI pendant au moins trois ans suivant l’imputation. En cas de cession anticipée, les déficits imputés sont réintégrés au revenu imposable de l’année de cession.
Détention via une société à l’IS
Pour certains investisseurs, notamment les professionnels ou les personnes disposant de structures sociétaires, la détention de parts de SCPI santé via une société à l’impôt sur les sociétés peut présenter des avantages fiscaux.
Dans cette configuration, les revenus perçus par la société sont intégrés à son résultat imposable au taux de l’IS (actuellement 25% pour le taux normal). Cette option peut s’avérer intéressante si le taux d’IS est inférieur à la tranche marginale d’imposition de l’investisseur.
Par ailleurs, la société peut amortir comptablement la valeur des parts de SCPI (hors valeur du terrain), ce qui permet de réduire la base imposable. Cet amortissement, bien que purement comptable, constitue un avantage fiscal significatif par rapport à la détention en direct.
Exemple chiffré : pour un investissement de 200 000 euros dans une SCPI santé réalisant un rendement de 5%, les revenus annuels s’élèvent à 10 000 euros. En détention directe, un contribuable soumis à la tranche marginale de 41% paiera 4 100 euros d’impôt sur le revenu, plus 1 720 euros de prélèvements sociaux, soit un total de 5 820 euros. En détention via une société à l’IS, l’imposition sera de 2 500 euros (10 000 × 25%), soit une économie fiscale de 3 320 euros.
L’optimisation de la fiscalité des revenus courants des SCPI santé nécessite une analyse précise de votre situation personnelle et de vos objectifs patrimoniaux. Le choix du mode de détention et de financement peut significativement impacter le rendement net après impôt de votre investissement.
Fiscalité des plus-values et transmission du patrimoine SCPI
La fiscalité des SCPI santé ne se limite pas aux revenus courants, mais concerne l’intégralité du cycle de vie de l’investissement, incluant la cession des parts et la transmission du patrimoine. Ces aspects fiscaux peuvent considérablement influencer la rentabilité globale et la stratégie patrimoniale de l’investisseur.
Imposition des plus-values immobilières
Lors de la revente de parts de SCPI santé, les plus-values éventuellement réalisées sont soumises au régime des plus-values immobilières des particuliers. Ce régime prévoit une imposition au taux forfaitaire de 19% au titre de l’impôt sur le revenu, auxquels s’ajoutent les prélèvements sociaux de 17,2%, soit un taux global de 36,2%.
La plus-value imposable correspond à la différence entre le prix de cession et le prix d’acquisition, majoré des frais d’acquisition et des éventuels travaux réalisés. Un système d’abattements pour durée de détention permet de réduire progressivement la base imposable :
- Pour l’impôt sur le revenu : 6% par an à partir de la 6ème année de détention et jusqu’à la 21ème année, puis 4% pour la 22ème année, aboutissant à une exonération totale au-delà de 22 ans
- Pour les prélèvements sociaux : 1,65% par an de la 6ème à la 21ème année, 1,60% pour la 22ème année, puis 9% par an de la 23ème à la 30ème année, conduisant à une exonération totale au-delà de 30 ans
Par exemple, pour des parts de SCPI santé détenues pendant 15 ans et générant une plus-value de 50 000 euros, l’abattement pour durée de détention sera de 60% pour l’impôt sur le revenu (6% × 10 ans) et de 16,5% pour les prélèvements sociaux (1,65% × 10 ans). La plus-value imposable sera donc de 20 000 euros à l’IR (50 000 × 40%) et de 41 750 euros aux PS (50 000 × 83,5%), générant une imposition totale de 11 061 euros (20 000 × 19% + 41 750 × 17,2%).
Transmission par donation ou succession
La transmission de parts de SCPI santé par donation ou succession obéit aux règles générales des droits de mutation à titre gratuit. Ces droits varient selon le lien de parenté entre le donateur/défunt et le bénéficiaire/héritier, après application des abattements légaux.
Les taux applicables sont progressifs et peuvent atteindre :
- 45% en ligne directe (parents-enfants) pour la fraction de patrimoine transmis excédant 1,8 million d’euros par bénéficiaire
- 55% entre frères et sœurs pour la fraction excédant 24 430 euros
- 60% entre personnes non parentes
Plusieurs mécanismes permettent d’optimiser la transmission de parts de SCPI santé :
Le démembrement de propriété constitue une stratégie efficace pour réduire l’assiette taxable. En donnant uniquement la nue-propriété des parts tout en conservant l’usufruit, le donateur diminue la valeur fiscale du bien transmis. Cette valeur dépend de l’âge de l’usufruitier : elle représente entre 10% et 90% de la valeur en pleine propriété.
L’assurance-vie peut servir d’enveloppe de détention pour les parts de SCPI santé, permettant de bénéficier du régime fiscal avantageux de ce placement : exonération jusqu’à 152 500 euros par bénéficiaire pour les versements effectués avant 70 ans, puis taxation forfaitaire de 20% ou 31,25% au-delà.
La donation temporaire d’usufruit peut permettre de transférer temporairement (minimum 3 ans) les revenus des SCPI à un tiers, généralement un enfant majeur faiblement imposé, tout en conservant la nue-propriété. Cette technique permet d’optimiser la fiscalité des revenus tout en préparant la transmission patrimoniale.
Cas particulier du démembrement de propriété
Le démembrement de propriété appliqué aux SCPI santé présente des spécificités fiscales notables. Lors de l’acquisition démembrée, l’usufruitier déclare l’intégralité des revenus fonciers générés par la SCPI, tandis que le nu-propriétaire n’a aucune fiscalité à supporter pendant la durée du démembrement.
Au terme de l’usufruit (décès de l’usufruitier ou échéance prévue), le nu-propriétaire récupère la pleine propriété des parts sans fiscalité supplémentaire. Cette reconstitution de la pleine propriété n’est pas considérée comme une mutation à titre gratuit et n’est donc pas soumise aux droits de succession ou de donation.
Cette stratégie s’avère particulièrement pertinente dans un contexte familial, notamment pour des parents souhaitant transmettre un patrimoine immobilier à leurs enfants tout en conservant les revenus. Elle permet de réduire significativement les droits de succession futurs tout en organisant progressivement la transmission patrimoniale.
La gestion fiscale des plus-values et de la transmission du patrimoine constitué en SCPI santé nécessite une planification à long terme et une connaissance approfondie des mécanismes fiscaux. Une stratégie bien élaborée peut permettre de réduire considérablement la charge fiscale globale sur l’investissement et d’optimiser sa transmission aux générations futures.
Les SCPI santé dans les enveloppes fiscales privilégiées
L’intégration des SCPI santé dans certaines enveloppes fiscales privilégiées peut transformer radicalement le profil fiscal de votre investissement. Cette approche stratégique permet de bénéficier de cadres juridiques et fiscaux avantageux tout en maintenant une exposition au secteur immobilier de la santé.
SCPI santé et assurance-vie
L’assurance-vie constitue l’une des enveloppes fiscales les plus favorables pour détenir des parts de SCPI santé. Cette combinaison offre plusieurs avantages significatifs :
Sur le plan fiscal, les revenus générés par les SCPI au sein du contrat d’assurance-vie ne sont pas soumis à l’imposition annuelle sur les revenus fonciers. Ils s’accumulent dans le contrat en franchise d’impôt (seuls les prélèvements sociaux de 17,2% sont dus annuellement sur les produits du fonds en euros).
Les rachats partiels ou totaux bénéficient de la fiscalité avantageuse de l’assurance-vie, avec un prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 12,8% après 8 ans de détention pour la part imposable, ou sur option, du barème progressif de l’impôt sur le revenu. Un abattement annuel de 4 600 euros (9 200 euros pour un couple) s’applique après 8 ans.
En matière de transmission, l’assurance-vie permet de transmettre jusqu’à 152 500 euros par bénéficiaire en franchise de droits (pour les primes versées avant 70 ans), puis avec une taxation forfaitaire de 20% jusqu’à 852 500 euros et de 31,25% au-delà.
Il est important de noter que l’investissement en SCPI santé via un contrat d’assurance-vie s’effectue généralement en unités de compte, ce qui implique une prise de risque en capital. Par ailleurs, tous les contrats d’assurance-vie ne proposent pas l’accès aux SCPI, et ceux qui le font peuvent appliquer des frais supplémentaires ou limiter le pourcentage du contrat investissable en SCPI.
SCPI santé dans un PER (Plan d’Épargne Retraite)
Le Plan d’Épargne Retraite (PER) constitue une autre enveloppe fiscale favorable à l’investissement en SCPI santé. Ce dispositif, créé par la loi PACTE, présente des caractéristiques fiscales spécifiques :
Les versements volontaires sur un PER sont déductibles du revenu imposable dans la limite des plafonds légaux (10% des revenus professionnels de l’année précédente, plafonné à 32 909 euros pour 2022, ou 4 114 euros pour les personnes sans activité professionnelle).
Les revenus générés par les SCPI au sein du PER sont exonérés d’impôt pendant toute la phase d’épargne, permettant une capitalisation optimale.
À la sortie, les sommes issues des versements déductibles sont soumises à l’impôt sur le revenu (sans prélèvement forfaitaire libératoire possible), tandis que les plus-values sont soumises au PFU de 12,8% ou, sur option, au barème progressif de l’IR. Les prélèvements sociaux de 17,2% s’appliquent dans tous les cas.
Le PER permet une sortie en capital ou en rente viagère, offrant une flexibilité appréciable pour les investisseurs. Une sortie anticipée est possible dans certains cas (achat de la résidence principale, invalidité, surendettement, expiration des droits au chômage, cessation d’activité non salariée).
L’investissement en SCPI santé via un PER peut constituer une stratégie pertinente pour les contribuables fortement imposés qui souhaitent préparer leur retraite tout en bénéficiant d’un avantage fiscal immédiat.
Comparaison avec l’investissement en direct
Pour déterminer la stratégie d’investissement la plus adaptée, il convient de comparer les différentes options de détention des SCPI santé :
L’investissement en direct offre une liquidité totale (sous réserve de trouver un acheteur sur le marché secondaire) et permet de bénéficier des mécanismes de défiscalisation liés aux revenus fonciers, notamment la déduction des intérêts d’emprunt. En revanche, il implique une fiscalité annuelle sur les revenus et une imposition des plus-values lors de la cession.
La détention via l’assurance-vie permet une capitalisation en franchise d’impôt et une transmission optimisée, mais limite la possibilité de créer un déficit foncier et peut engendrer des frais supplémentaires (frais sur versements, frais de gestion du contrat).
Le PER offre un avantage fiscal immédiat à l’entrée et une exonération pendant la phase d’épargne, mais impose une indisponibilité des fonds jusqu’à la retraite (hors cas de sortie anticipée) et une fiscalité potentiellement lourde à la sortie si le taux marginal d’imposition reste élevé.
Voici un exemple chiffré pour illustrer ces différences : pour un investissement de 100 000 euros dans une SCPI santé générant 5% de rendement annuel, un contribuable soumis à la tranche marginale de 41% percevra en direct environ 2 640 euros net d’impôts et prélèvements sociaux. Le même investissement logé dans une assurance-vie de plus de 8 ans générera, en cas de rachat, un revenu net d’environ 4 140 euros après application du PFU et de l’abattement. Dans un PER, le gain fiscal initial sera de 41 000 euros (100 000 × 41%), mais la sortie sera taxée au barème progressif de l’IR.
Le choix de l’enveloppe fiscale pour détenir des parts de SCPI santé dépend donc de nombreux facteurs : votre situation fiscale actuelle et future, votre horizon d’investissement, vos objectifs patrimoniaux, et vos besoins en termes de liquidité et de revenus complémentaires. Une analyse personnalisée, tenant compte de l’ensemble de ces paramètres, s’avère indispensable pour élaborer une stratégie d’investissement optimale.
Perspectives et évolutions de la fiscalité des SCPI santé
La fiscalité applicable aux SCPI santé s’inscrit dans un environnement législatif et économique en constante mutation. Comprendre les tendances actuelles et anticiper les changements potentiels constitue un atout majeur pour les investisseurs souhaitant optimiser leurs stratégies patrimoniales à long terme.
Tendances récentes de la législation fiscale
Ces dernières années, plusieurs évolutions législatives ont impacté la fiscalité des SCPI santé :
L’instauration du prélèvement forfaitaire unique (PFU) à 30% (12,8% d’impôt sur le revenu + 17,2% de prélèvements sociaux) a modifié le paysage fiscal des produits de placement. Bien que ce dispositif ne s’applique pas directement aux revenus fonciers des SCPI, il influence les arbitrages entre différentes classes d’actifs et peut rendre comparativement moins attractifs les investissements immobiliers par rapport aux placements financiers.
La réforme de la fiscalité du patrimoine, avec la suppression de l’ISF et son remplacement par l’IFI (Impôt sur la Fortune Immobilière), a maintenu les parts de SCPI dans l’assiette imposable. Cette situation peut conduire certains investisseurs à privilégier d’autres supports d’investissement pour échapper à l’IFI.
Le renforcement des obligations déclaratives et de transparence fiscale, notamment dans le cadre des échanges automatiques d’informations entre administrations fiscales, a accru les exigences de conformité pour les détenteurs de parts de SCPI, particulièrement dans un contexte international.
Opportunités liées au secteur de la santé
Le secteur de la santé présente des spécificités qui peuvent engendrer des avantages fiscaux particuliers pour les SCPI santé :
Certains établissements de santé bénéficient de régimes fiscaux privilégiés, notamment en matière de TVA ou de taxes foncières, ce qui peut se répercuter positivement sur les rendements des SCPI qui investissent dans ces actifs.
Les politiques publiques de soutien au secteur de la santé, accentuées par la crise sanitaire, pourraient déboucher sur des incitations fiscales spécifiques pour les investissements dans les infrastructures médicales. Les SCPI santé seraient alors idéalement positionnées pour en bénéficier.
Le vieillissement de la population et les besoins croissants en infrastructures de santé pourraient conduire à la création de dispositifs fiscaux spécifiques, similaires aux mécanismes existant pour le logement social ou les résidences services.
Risques fiscaux et stratégies d’anticipation
Malgré les opportunités, plusieurs risques fiscaux potentiels doivent être pris en compte par les investisseurs en SCPI santé :
La pression sur les finances publiques pourrait entraîner un alourdissement de la fiscalité du patrimoine immobilier, avec un impact direct sur la rentabilité des SCPI. L’augmentation des taux d’imposition ou la réduction des abattements fiscaux constituent des risques non négligeables.
Les modifications du régime des plus-values immobilières, régulièrement évoquées, pourraient affecter la rentabilité à long terme des investissements en SCPI. Un raccourcissement des durées d’abattement ou une augmentation des taux d’imposition auraient un impact significatif sur le rendement global.
L’évolution de la fiscalité des revenus fonciers, notamment concernant les règles de déductibilité des charges ou le traitement du déficit foncier, constitue un paramètre d’incertitude pour les investisseurs.
Face à ces risques, plusieurs stratégies d’anticipation peuvent être envisagées :
- La diversification des enveloppes fiscales de détention (direct, assurance-vie, PER, société à l’IS) permet de répartir les risques fiscaux et de s’adapter plus facilement aux évolutions législatives
- L’adoption d’une vision patrimoniale globale, intégrant les SCPI santé dans une stratégie plus large incluant d’autres classes d’actifs complémentaires
- Le recours à un conseil spécialisé pour une veille régulière sur les évolutions fiscales et une adaptation rapide des stratégies d’investissement
La fiscalité des SCPI santé doit être appréhendée dans une perspective dynamique, tenant compte des évolutions législatives probables et des spécificités du secteur de la santé. Une approche proactive, combinant veille fiscale et adaptabilité des stratégies, constitue un facteur clé de succès pour optimiser durablement le rendement de ces investissements.
En définitive, si la fiscalité représente un paramètre déterminant dans l’évaluation de l’opportunité d’investir en SCPI santé, elle ne doit pas occulter les fondamentaux économiques de cette classe d’actifs : qualité des emplacements, solidité des locataires, perspectives démographiques et tendances structurelles du secteur de la santé demeurent les principaux moteurs de la performance à long terme.
